Dans le cadre de l’actualité concernant EQUANS,
Nous vous faisons suivre ci-dessous une lettre ouverte de notre collègue DS central CFDT d’INEO.
Nous trouvions important de partager avec vous les actions CFDT.
UN HOMME EN COLERE Lettre ouverte à Monsieur le Président du conseil d’administration du Groupe ENGIE
Monsieur le Président,
Je vous sollicite en tant que Délégué syndical central d’Ineo, dans le cadre de votre projet de cession de l’entité EQUANS ainsi que l’ensemble de ses composantes, et plus particulièrement les offres d’achat déposées lundi dernier et les nombreux articles de presse confusants, annonçant, les repreneurs publiés depuis.
Au regard de la complexité d’une telle opération et des potentiels impacts sociaux pour les salariés des entreprises composant le périmètre EQUANS, ma volonté en tant que Délégué Syndical Central CFDT Ineo est d’être associé à l’instruction de l’ensemble des propositions afin de les apprécier, et notamment le volet social.
En effet, si deux types de repreneurs, que sont des Groupes industriels français d’une part, et des fonds d’investissement internationaux d’autre part, semblent se dégager (aucune liste officielle des candidats ne nous a été communiquée à ce jour), des risques et inquiétudes sur la pérennité de l’emploi existent pour chacun.
Concernant les Groupes industriels français, si cette solution peut paraître séduisante de prime abord (maintien de la souveraineté nationale et projet industriel existant), elle ne serait pas exempte de risque en matière d’emploi en raison des nombreux doublons générés par un tel rapprochement, à la fois au sein des fonctions support mais également des implantations opérationnelles. Qui plus est, la seule qualité de Groupe industriel ne suffit pas à garantir l’absence de découpages et de ventes par lots de parties d’EQUANS.
Concernant les fonds d’investissement, le risque principal serait la poursuite d’objectifs purement financiers dépourvus de projet de développement d’EQUANS en privilégiant un découpage pour une revente par lots. Nous avons encore en mémoire de la cession des activités d’exploration production à de tels fonds qui n’avaient pas tenus les engagements pris, allant même jusqu’à supprimer les emplois localisés en France.
Néanmoins, dès lors qu’un réel projet de développement de l’Entité existerait, et nous connaissons le potentiel de développement d’EQUANS au regard des enjeux économiques et sociétaux à venir, celui-ci pourrait être tout à fait pertinent et pérenniser l’emploi des salariés.
J’ai bien conscience des engagements sociaux pris par ENGIE devant le Comité Européen, mais, face à la dimension cruciale du volet social de cette opération, il ne doit pas être exclu que certains candidats puissent avoir formulé des propositions allant au-delà de ces engagements. Or, notre responsabilité sociale conjointe doit être de faire des intérêts des salariés d’EQUANS la priorité absolue, de sorte à obtenir le maximum d’engagements sociaux fermes.
Par conséquent, je vous demande, au vu de la complexité de cette opération et de ses impacts potentiellement colossaux pour les salariés d’EQUANS, d’aller au-delà des seules dispositions légales relatives à la participation des IRP au processus de reprise d’entreprise (information-consultation pour avis du Comité Européen avec audition du seul candidat retenu), dans un double souci de transparence vis-à-vis des salariés et de promotion d’un dialogue social de qualité au sein d’ENGIE.
En effet, il est primordial que les Organisations syndicales puissent être acteurs d’un projet d’une telle ampleur.
Je comprends bien entendu les enjeux de confidentialité liés à cette opération, mais ceux-ci pourraient aisément être préservés par la constitution d’une commission composé d’un nombre restreint de représentants des salariés appartenant au personnel d’EQUANS, et soumis à une stricte obligation de confidentialité. Une telle commission, en ce qu’elle associerait les salariés d’EQUANS via leurs représentants directs, viendrait en complément des prérogatives du Comité Européen et pourrait en alimenter la réflexion.
Si, au vu des enjeux ci-dessus rappelés et de la solution proposée, la position de refus du Groupe de partager le contenu des offres reçues avec les Représentants du personnel d’EQUANS était maintenue, je n’aurai d’autre choix que de prendre acte que le dialogue social constructif de grande qualité conduit depuis près de vingt ans au sein d’Ineo, qui associe les Organisations syndicales aux grandes décisions de l’Entreprise, n’est pas transposable au niveau d’ENGIE.
Or, une telle position attesterait d’une part que les grandes déclarations de la Direction Générale du Groupe quant à la promotion du dialogue social ne sont pas suivies d’actions, et d’autre part que la transparence n’est pas de mise dans la conduite d’un dossier aussi sensible pour les salariés d’EQUANS. Dans ce sens, les références de la Presse a la poursuite de logiques politiques ou de favoritisme qui conduiraient à une « prise d’otage » des salariés seraient proprement inacceptables.
Je me tiens à votre entière disposition pour instruire ensemble cette proposition.
Veuillez agréer, M. le Président, mon profond respect.
Laurent GROLIER
Délégué syndical central CFDT Ineo