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Voyeurisme – Le combat des Toulousaines

Je prends aujourd’hui la plume (enfin le clavier) en mon nom propre. C’est donc en tant que Jasone Moran Bessiere, Déléguée syndicale CFDT, mais surtout en tant que femme et salariée de GBS Services que j’écris.

CET ARTICLE VA ETRE LONG MAIS IL EST LE RÉCIT D’UN COMBAT QUI DURE DEPUIS TROIS ANS ! Je compte sur vous pour qu’il soit lue jusqu’au bout 🙂 .

En 2015, j’ai été victime, avec de nombreuses collègues féminine, d’un odieux voyeur, pervers et prédateur au sein mon lieu de travail, dans l’entreprise qui s’appelait à l’époque INEO Cap pour devenir GBS Services en 2017. Je ne vais pas vous raconter toute l’histoire depuis le début car cela serait trop long et, surtout, trop sordide.
Ce que je souhaite partager avec vous aujourd’hui, c’est le combat mené par 7 femmes, 7 salariées du groupe Engie de 2015 à 2018.

Pendant au moins trois ans, les femmes travaillant dans les locaux de Basso Cambo à Toulouse ont été victime d’un abominable voyeur. Après avoir découvert sa « cachette », nous avons été victime d’un second « crime » : l’indifférence de la direction, pire encore la calomnie de certains « élu » et responsable de service….
Sous couvert de présomption d’innocence, c’est le crime qui a été renié ! Mon appel à l’aide au CHSCT a été transféré à la direction par un de ses membres (cadre de direction) et j’ai été convoqué et réprimandé pour avoir demandé de l’aide ! A l’époque, j’étais déjà à la CFDT mais inexpérimentée, mon seul mandat étant représentante syndicale. Cette douloureuse expérience m’a motivé pour me professionnaliser dans le syndicalisme et faire en sorte que les salarié(e)s puissent avoir des IRPs de LEUR côté !

A l’époque, après que la direction est refusée de porter plainte, nous avons décidé de le faire par nous-même. Cela a été le début d’une bataille très éprouvante. Deux commissariats ont refusés de nous ouvrir leur porte, nous avons fini par trouver refuge et écoute à la gendarmerie du lieu de résidence de l’une d’entre nous.
Malheureusement, la justice nous as laissé tomber… Aucune enquête n’a été menée.
Nous étions livrées à nous même, la direction était sourde à notre souffrance, nous n’avions même pas eu la visite d’un représentant RH… La justice se désintéressait de notre affaire et, en plus, nous avions reçu l’ordre de ne pas « ébruiter l’affaire ». Nous étions traitées comme des menteuses et des hystériques.

Nous étions déterminées à ne pas laisser impuni l’acte monstrueux dont nous avions été victime ! Nous avons donc tenu bon dans l’ombre. Nous nous sommes serré les coudes, avons relancé la justice et en 2018 nous avons enfin été entendu !
Un policier extraordinaire a hérité de notre affaire, il nous a reconvoqué, entendu, écouté et surtout il nous a cru sans nous juger.

Mais le pire restait à venir, nous avons découvert que « notre voyeur » avait installé un autre poste de surveillance au rez-de-chaussée de notre bâtiment. Ainsi, il s’était senti très libre et serein au point de recommencer, cette fois avec ses propres collègues… Des femmes avec qui, il travaillait au quotidien ! Cela faisait donc 3 ans qu’il les observait à leur insu.

Grâce à un travail de police exemplaire, notre calvaire allait prendre fin… C’est ce que nous pensions naïvement.
Même une fois les aveux du présumé innocent (le procès étant le 20 septembre 2019, nous sommes obligé de l’appeler ainsi) acté, la direction restait comme figée, pire encore certaines d’entre nous se sont vue interdire toute parole négative sur les actes (ou la passivité) de la direction sur l’affaire.
C’était la goutte de trop pour moi. Je ne pouvait pas en supporter plus. Je n’étais plus la jeune syndicaliste sans expérience. J’ai actionné le réseau CFDT Engie ! Réseau auquel je suis fière d’appartenir.
Notre coordinateur a tiré la sonnette d’alarme au plus haut du groupe pour que les victimes reçoivent enfin soutient et écoute.
Cette fois, les DRH sont venus, ils nous ont écoutés, nous ont-ils entendu ? L’avenir nous le dira…

Les choses sont encore très difficiles, nous devons guérir de nos blessures pour pouvoir tourner cette page et, pour cela, nous ne pouvons pas accepter l’impunité de certain directeur et manager, chacun doit prendre ses responsabilités !
J’ai bien noté « certain directeur et manager » car nous sommes toutes capable de faire la part des choses, il y a aussi eu des managers femme et homme à l’écoute. Je ne blâme pas notre DRH GBS Services qui a été embauchée début 2019 et a commencé son activité par le traitement très difficile de cet affaire.

Personnellement, j’attends beaucoup de la part des dirigeant de GBS Services, ils n’étaient pas là en 2015 mais ils doivent passer un message clair : les violences faite aux femmes mais plus largement contre tou(te)s les salarié(e)s ne sont pas tolérées !
Les entreprises, les chefs d’entreprise doivent écouter leur salarié(e)s, les protéger et lorsque qu’ils ont mal agit ils doivent réparer sans faire d’économie ! Le soutien aux victimes doit être total !
En tant que syndicaliste engagée, je suis aussi déçue qu’aucune autre organisations syndicales ne se soient manifestées pour apporter à minima son soutien.

Nous avons décidé collectivement de médiatiser notre affaire pour qu’elle serve de «mauvais exemple» à ne pas suivre. Vous pouvez lire les articles et écouter l’interview de RTL grâce aux liens au pied de l’article.

Pour finir, je souhaite remercier tout particulièrement Aurore Martin et Véronique Duranthon, deux femmes d’exception au sein de la CFDT d’Engie. Elles ont été d’un soutien sans faille, leurs professionnalismes et leurs conseils ont été mes armes et bouclier 😉.
Je remercie également le coordinateur CFDT, Sébastien Michel, qui a foncé en première ligne et pour qui la priorité a toujours été les victimes. Merci d’avoir répondu à tous mes appels mails, les soirs, les week-ends 😉. Promis, en 2020, je respecterai ton droit à la déconnexion.
Un grand merci à ma section CFDT GBS Services de son soutien et surtout de sa patience face à mon surplus de dynamisme parfois …..
Un IMMENSE merci à mes collèges, les guerrières 2015 comme je les ai baptisées. Elles n’ont jamais reculées, certains doutes individuels ont été balayés par le collectif. Elles m’accordent leur confiance depuis plus de 3 ans et je continuerais à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour ne jamais les décevoir.

Une femme déterminée !
Engager un combat est le premier pas vers sa victoire !

EXTRAIT INTERVIEW RTL :

LA DEPECHE

TERRA FEMINA

20 MINUTES

ACTU.FR

2 commentaires sur “Voyeurisme – Le combat des Toulousaines

  1. Merci pour ce résumé. Et merci à la CFDT d’avoir permis de faire avancer les choses au sein de l’entreprise. Malheureusement, il reste encore à faire… C’est incroyable que 3,5 ans après les premiers faits et plus de 4 mois après les aveux, les responsables qui ont si mal géré l’affaire ne soient toujours pas sanctionnés!
    Bon courage à tous ceux engagés dans ce combat pour la suite…

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